Le département de la Corrèze a été le théâtre d'une des mutations politiques les plus étonnantes de ces dernières années. Tous les observateurs... > Lire la suite
Le département de la Corrèze a été le théâtre d'une des mutations politiques les plus étonnantes de ces dernières années. Tous les observateurs politiques s'accordaient pour voir dans cette région, au début de la Cinquième République, un bastion inexpugnable de la Gauche. Pourtant la majorité gaulliste est parvenue à y conquérir deux sièges de députés sur trois ainsi que la présidence du Conseil général. Comment comprendre ce renversement, alors que les facteurs socio-économiques n'ont fait que poursuivre les tendances observées auparavant ? L'explication d'un tel phénomène doit faire appel à une multitude de facteurs. La modification du système électoral permet aux modérés de tirer parti de leurs points d'appui locaux et de la persistance d'un anticommunisme virulent. L'installation au niveau national d'une majorité nouvelle, qui semble appelée à durer, n'est pas sans poser des problèmes à une région qui cherche traditionnellement dans l'appui du pouvoir central un remède à ses handicaps économiques. Le vieillissement de ses cadres rend la Gauche vulnérable au discours de nouveaux venus, d'origine corrézienne mais qui ont su réussir à Paris, et que l'on nommera les « jeunes loups ». Une fois élus, ceux-ci mènent une action énergique et consciente pour maintenir leurs positions. Ils y sont effectivement parvenus en 1973, malgré le reflux général de la majorité et ont même été près de les améliorer. On a donc bien l'impression qu'il s'agit là d'une mutation politique profonde et durable, intervenue dans un délai particulièrement bref, ce qui lui confère un intérêt particulier pour le politicologue. Mais n'est-ce pas aussi la ruse d'un système qui a dû se transformer pour persévérer dans son être ?