Avec ce premier livre, LE REMUE-MÉNAGE, Claude Francolin témoigne pour les jeunes gens de son temps, et montre que les Julien Sorel d'aujourd'hui sont... > Lire la suite
Avec ce premier livre, LE REMUE-MÉNAGE, Claude Francolin témoigne pour les jeunes gens de son temps, et montre que les Julien Sorel d'aujourd'hui sont le plus souvent des « petites mômes très attentives et très sérieuses » qui ont, comme Geneviève, des yeux tristes, un chignon strict et beaucoup de dignité. Jean-Jacques : son grand-père était ouvrier mineur ; sa mère, à soixante ans, fait encore la lessive de « ces dames » ; lui pourrait être avocat, mais avec ses diplômes en poche, il préfère jouer au journaliste, tout en rêvant de devenir metteur en scène. Geneviève : elle est la nièce de Louis Bertin, le célèbre réalisateur de films qui seront un jour dans toutes les cinémathèques. Assistante-monteuse au studio de Saint-Cloud. Jean-Jacques et Geneviève se rencontrent : c'est donc apparemment, un roman d'amour qui commence. En fait, pour Jean-Jacques, c'est le grand bouleversement qui précède l'âge adulte : un sacré remue-ménage. Mais, pour Geneviève ? Elle vit dans une sorte de désanchantation infantile : elle surgit, séduit, puis se dérobe. Est-elle seulement coquette ou son comportement ne traduit-il pas plutôt l'instabilité de cette génération qui n'a pas encore trente ans ? « Si la Libération n'avait pas été trahie... » se dit parfois Jean-Jacques avec amertume... ces deux êtres secrets, toujours sur la défensive, eussent-ils réussi à briser la vitre, à réussir le bonheur ? Mais peut-être, dans cette histoire d'amour malheureux, le lecteur retiendra-t-il surtout, parmi les personnages - journalistes, militants syndicalistes, étudiants - qui hantent le livre, le visage tragique de la mère de Jean-Jacques, cette femme usée qui voulait être institutrice, qui a sacrifié toute sa vie pour que son fils devînt « quelqu'un » et qui s'affole de ne plus reconnaître son ouvre dans ce jeune intellectuel qui lui échappe alors même qu'il cherche à lui donner les clefs de son existence humiliée.