Le Regard des statues

Au début, un accident. Au volant de sa voiture, Antoine renverse un piéton. Il sait qu'il n'y est pour rien, mais il n'est pas homme à se satisfaire de cette innocence-là. D'autant plus que, bientôt, le soupçon lui vient que sa victime, Michel Laporte, est habitée de l'obscur désir de ne plus vivre. Pour n'être pas, malgré lui, un assassin, il lui faut donc empêcher cet homme célèbre, et en apparence comblé, de mourir.
Et, pour cela, comprendre. Très vite, Laporte entre dans le jeu de cette enquête étrange, où tout s'offre et se dérobe : jeu de rôles, où chacun se perd, jeu de regards, par lesquels tout naît et tout meurt. Décidé à affronter les conséquences d'une faute qu'il n'a pas commise, Antoine s'empresse d'en commettre une, dont il refuse de se sentir coupable : sa liaison passionnée avec la belle et jeune maîtresse de Laporte.
Le sentiment de ma culpabilité ne m'effleure même plus, ou bien, je ne sais pas, peut-être ma culpabilité vis-à-vis de lui n'a-t-elle jamais été qu'une forme passagère de mon illégitimité. C'est d'elle, de son regard sur moi, que je tiens le sentiment d'exister et d'en avoir le droit. D'être, enfin, pour de bon. Mais Laporte, lui, refuse de rien voir, car c'est notre amour même qu'il frappe d'irréalité.
Sous son regard aveugle, tout se décompose, tout devient faux. Et le malheur est là, intense. Irrémédiable ?