Comment écrire quand l'Histoire est finie ? Quand le Marché a gagné ? Quand on a tout abjuré ? Au début des années 1970, en pleine ferveur néo-avant-gardiste,... > Lire la suite
Comment écrire quand l'Histoire est finie ? Quand le Marché a gagné ? Quand on a tout abjuré ? Au début des années 1970, en pleine ferveur néo-avant-gardiste, Pasolini revêt les défroques longtemps délaissées du romancier, revenant à une forme d'écriture considérée alors comme réactionnaire. Inconscience ? Maladresse ? Provocation ? Et écrit Pétrole, roman magmatique et hétérogène, creuset difforme et bouillonnant, kaléidoscope flamboyant d'où jaillissent corps et contes, mères et massacres, saints et lucioles disparues. Entre paradis et enfers, le roman se disloque. Vire au document, magnifiquement brutalisé par d'incessantes digressions. Bascule dans l'onirisme et le fantastique, possédé par de puissantes visions. Se niche dans l'archaïsme structurel du mythe. Joue si loin le jeu des citations que vole en éclats la dérisoire figure de l'auteur. De quel étrange roman s'agit-il ? S'agit-il même encore d'un roman, sinon d'un roman radicalement désouvré ? Pétrole, ce texte essentiel du xxe siècle, ce chant barbare et ironique, cet adieu inéluctable à la poésie, forme question ouverte sur les fondements mêmes de la littérature et de notre postmodernité.