Le pli a toujours existé dans les arts ; mais le propre du Baroque est de porter le pli à l'infini. Si la philosophie de Leibniz est baroque par excellence,... > Lire la suite
Le pli a toujours existé dans les arts ; mais le propre du Baroque est de porter le pli à l'infini. Si la philosophie de Leibniz est baroque par excellence, c'est parce que tout se plie, se déplie, se replie. Sa thèse la plus célèbre est celle de l'âme comme « monade » sans porte ni fenêtre, qui tire d'un sombre fond toutes ses perceptions claires : elle ne peut se confondre que par analogie avec l'intérieur d'une chapelle baroque, de marbre noir, où la lumière n'arrive que par des ouvertures imperceptibles à l'observateur du dedans ; aussi l'âme est-elle pleine de plis obscurs.
Pour découvrir un néo-Baroque moderne, il suffit de suivre l'histoire du pli infini dans tous les arts : « pli selon pli », avec la poésie de Mallarmé et le roman de Proust, mais aussi l'ouvre de Michaux, la musique de Boulez, la peinture de Hantaï. Et ce néo-leibnizianisme n'a cessé d'inspirer la philosophie.
Le Pli est paru en 1988.