Entre son identification pure et simple au bonheur et sa réduction à la jouissance, le plaisir fait depuis toujours débat chez les philosophes. Cette... > Lire la suite
Entre son identification pure et simple au bonheur et sa réduction à la jouissance, le plaisir fait depuis toujours débat chez les philosophes. Cette notion si simple qu'on peut être tenté de ne pas la définir est en réalité essentielle pour saisir la plupart des enjeux philosophiques. Analyse de la notionL'homme n'est pas vraiment humain sans le plaisir, et l'humanité du plaisir est telle qu'on peut y voir la source de toute volonté normative. Ainsi, ce qu'on appelle « pouvoir de la raison » se constitue, en grande partie, par sacrifice de l'excès du plaisir : différer ou limiter le plaisir et, par le même acte, l'assurer, c'est la tâche à laquelle s'est identifiée la raison occidentale de Platon à Freud.Étude de textesLe Philèbe de Platon montre que la sagesse (ou raison) appelle un plaisir limité et pur pour constituer avec lui une vie bonne et qui puisse être éligible. L'épicurien Lucrèce, dans De la nature, donne le vrai plaisir comme maîtrise de cet infini auquel l'imagination seule peut tendre. Un extrait du Traité de la nature humaine de Hume montre que, loin d'appeler au sacrifice du plaisir, la raison elle-même et ses valeurs, morales, intellectuelles ou esthétiques, y ont leur source ; enfin, dans Au-delà du principe de plaisir, Freud rejoint les classiques pour souligner cette complicité de la raison et des normes avec le principe de plaisir, mais envisage leur soumission commune à un autre maître, la tendance à l'inertie inhérente à la vie. Suzanne SIMHA, agrégée de l'Université, professeur de chaire supérieure, a enseigné la philosophie durant quinze ans en Lettres supérieures et en Première supérieure (préparation à l'ENS Lyon).