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« Si je devais donner le nom de tous les ouvrages américains qui promettent d'avoir une longue, même une très longue vie, je dirais sans hésiter La Lettre écarlate, Huckleberry Finn et Le Pays des sapins pointus. » Ces mots de Willa Cather tirés de sa préface de 1925 au livre de Jewett (1re éd. 1896) étonneront sans doute le lectorat français qui connaît mieux, de la cartographie littéraire de la Nouvelle-Angleterre, le Boston de Henry James, le Salem de Hawthorne ou le Walden de Thoreau.
Jewett a ancré ses récits dans son Maine natal, modelant son écriture sur ces « arpents de granite » qu'évoquait avant elle Emily Dickinson. Mais il est un autre « pays » qui s'esquisse dans ces pages écrites à l'aune du féminin et dans les marges critiques d'une nation en passe de devenir un empire. Loin de la carte désuète d'un monde disparu, Le Pays des sapins pointus est un livre frontière qui inquiète la pensée cadastrée, fait bouger les identités et troubles les appartenances.