Un témoignage décalé.« Elles ont passé des heures à expliquer qu'habituellement nous avions tout?: des lits, des draps, du linge de rechange brodé... > Lire la suite
Un témoignage décalé.« Elles ont passé des heures à expliquer qu'habituellement nous avions tout?: des lits, des draps, du linge de rechange brodé et même amidonné dans nos armoires?; des verres en cristal, des souvenirs, de la vaisselle en porcelaine, des passeports, des aspirateurs, des animaux domestiques, des goûts de luxe, des jours fériés, des odeurs, des bruits, et surtout, surtout, que nous nous aimions les uns les autres, que nous n'avions pas passé les cinquante dernières années à nous haïr en secret en attendant la première occasion de nous étriper au grand jour de la façon la plus sauvage qui fût. Elles voulaient expliquer que la guerre était une méprise, un stratagème inventé par des politiciens diaboliques, que ça n'avait rien à voir avec nous, les individus assis devant eux. »Le récit plein d'humour de cet exil, qui désamorce avec tendresse, profondeur et une finesse inouïe les idées reçues sur le déracinement. EXTRAIT« Mon père m'a demandé de ne le dire à personne, mais nous quittons la ville. Il dit que c'est seulement pour quelque temps, jusqu'à ce que le calme revienne. Je serai bientôt de retour. Je voulais te le dire. »J'étais complètement retournée. « Vous allez revenir bientôt alors. Tu vas me manquer. »J'ai raccroché et suis allée regarder à la fenêtre, comme si, dehors, un indice allait m'indiquer si la guerre aurait lieu ou pas. Mon amie fut l'une des nombreuses Serbes à quitter définitivement la ville cette semaine-là. Les Serbes de ma famille ont aussi quitté la ville la même semaine. Nous sommes restés et avons manifesté pour la paix, comme des poulets attendant que quelqu'un arrive pour nous décapiter d'un coup de hache. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUEAu pathos, la romancière préfère une discrète mélancolie, un tendre désenchantement. En sa compagnie, la fin de l'innocence porte des promesses de recommencement.?- Christian Authier, Le Figaro littéraireUne histoire puissante.?- The IndependentVesna Maric donne une image très décalée de l'exil, pas du tout plombante, presque joyeuse, comme si la découverte d'un monde nouveau était plus forte que la perte de l'ancien, que le déracinement. - Yves MabonÀ PROPOS DE L'AUTEURNée en 1976 à Mostar, Vesna Maric a quitté la Bosnie à l'âge de seize ans dans un convoi de réfugiés à destination du Royaume-Uni. Le Merle bleu retrace le chemin souvent drôle et toujours décalé de Vesna.