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La marchandisation qui atteint toute activité contournera-t-elle l'école ? Le vieillissement de la population ne promet-il qu'une agréable baisse des effectifs dans les salles de classe ? La mission d'émancipation laïque par l'école est-elle toujours résumée par la bonne vieille lutte pour tenir les curés à distance ? Tout compte fait, la massification réussie de l'accès à l'école satisfait-elle la démocratisation que nous voulions ? Le supplice du collège unique, le tue-la-joie du modèle pédagogique unique, le brise reins du premier cycle de l'université, l'opacité des parcours éducatifs disponibles et leur éparpillement sous l'autorité de multiples gardes-frontières sourcilleux, la misère sociale de tant de jeunes en formation doivent-ils rester des secrets de famille bien cachés ? Parce que nous sommes fiers des formidables réussites de notre système et que nous ne voulons pas faire chorus avec les ennemis de l'école républicaine ou avec les pisse-vinaigre pour qui tout va toujours plus mal, sommes-nous tenus de fermer les yeux ?
Depuis la grande loi d'orientation sur l'éducation de 1989, les débats sur les finalités de l'École se sont taris. Le Manifeste rouvre ce débat autour d'un fil conducteur: l'analyse de l'évolution du contenu et de la place du travail dans les rapports sociaux. Et il propose, pour répondre aux défis de la société du plein emploi, un nouveau paradigme : la professionnalisation durable comme finalité de l'École, et une orientation: la pédagogie personnifiante comme exigence laïque.