Quand l'enfance s'apparente à une bulle au milieu du chaos. Été 1981, une famille prépare ses bagages pour partir en Iran. Le père est un diplomate nommé ambassadeur d'Italie à Téhéran. Dès leur arrivée, la famille est confrontée à la violence et au chaos de la révolution islamique dirigée par l'Ayatollah Khomeini. Pourtant, dans ce cadre sombre se cache un espace enchanteur : les jardins de l'ambassade, ancienne résidence des princes persans, qui abriteront les rêves et les jeux des enfants.
Roman autobiographique, Le Jardin persan raconte avec justesse et candeur la situation politique et historique de l'Iran révolutionnaire. Le regard d'une enfant transforme alors le quotidien en une grande aventure. L'écriture de Chiara Mezzalama nous promène dans ce jardin intérieur où résonnent les bruits de la guerre. Le récit autobiographique d'une fille de diplomate italien en Iran. EXTRAIT Ce n'était pas la première fois que nous nous retrouvions dans un endroit aussi bondé de monde.
Nous nous étions déjà trouvés dans d'autres aéroports du Moyen-Orient, mais là, à Téhéran-Mehrabad, il y avait quelque chose de différent. Les hommes avaient le visage sombre, à cause de la barbe, beaucoup étaient habillés en soldats et portaient un fusil en bandoulière à la manière d'une sacoche. Les femmes étaient en noir, voilées de la tête aux pieds dans leurs tchadors. Certaines serraient le voile entre leurs dents pour avoir les mains libres et tenir enfants et valises.
J'avais de la chance, à neuf ans on est encore considéré comme une petite fille, mais beaucoup de fillettes de mon âge portaient déjà un foulard. Ce qu'il y avait de différent, c'est que nous étions les seuls Occidentaux. Raison pour laquelle tout le monde, mais vraiment tout le monde, nous regardait. C'est cela qui m'effraya, plus que les kalachnikovs, les bottes en cuir, les voiles noirs, le bruit et le climat de tension perceptible dès notre descente d'avion.
Les haut-parleurs grésillaient en farsi, la langue de la Perse, et mon père avait beau répéter qu'il n'y avait pas de problème, que nous avions le passeport diplomatique et que rien ne pouvait nous arriver, je n'étais pas tranquille du tout, et je crois bien que lui non plus ne l'était pas. En effet, malgré ses véhémentes protestations, on nous fit passer dans une petite pièce où on commença à fouiller nos personnes et nos bagages.
Mon père agitait sous le nez d'un barbu son passeport bleu portant le sceau de la République italienne tandis que celui-ci continuait à ouvrir tous les sacs comme si de rien n'était. Ma mère et moi, on nous emmena dans une autre pièce où une femme, entièrement recouverte d'un voile noir, les mains gantées de noir, se mit à nous palper. « C'est pour la sécurité, dit ma mère, nous sommes dans un pays en guerre, c'est normal qu'on nous fouille.
- Mais pourquoi est-ce qu'elles sont toutes habillées en noir ? » lui demandai-je.À PROPOS DE L'AUTEUREChiara Mezzalama, italienne, vit et travaille à Paris. Fille de diplomate, elle a passé son enfance à l'étranger. Le jardin persan est son deuxième roman après Avro'cura di te (2009), Tre donne su un'isola et Je veux être Charlie, journal d'une écrivaine italienne à Paris.