Depuis l'immédiat après-guerre, la Constitution japonaise consacre le principe de renonciation à la guerre comme droit souverain de la nation. Cette... > Lire la suite
Depuis l'immédiat après-guerre, la Constitution japonaise consacre le principe de renonciation à la guerre comme droit souverain de la nation. Cette prescription pacifiste est soutenue par l'essentiel de la population de l'archipel et s'est accompagnée, depuis les années 1960, d'une interdiction formelle d'exporter des armes. Or, depuis sa victoire aux élections de décembre 2012, le Premier ministre Shinzo Abe a mené des réformes dans les champs de la défense et de la sécurité, en lien avec sa promesse électorale de « remettre le Japon sur pied ». En 2014, le gouvernement levait ainsi un interdit vieux d'un demi-siècle et ouvrait à nouveau au Japon la possibilité d'exporter des armements.
Sans une analyse critique de l'Histoire et du cadre législatif nippon,
on pourrait croire à une rupture franche avec le passé, voire à une possible « remilitarisation » du Japon. Or, en posant le pays comme exportateur d'armements, le gouvernement poursuit un objectif stratégique autant que politico-identitaire. Au niveau stratégique, il s'agit de faire face aux défis d'un environnement régional tendu par la montée en puissance de la Chine.
Au niveau identitaire, il s'agit de réhabiliter le Japon sur la scène internationale ; d'évacuer le « syndrome de la défaite ».
Le présent rapport examine notamment la perte du « contrat du siècle » en Australie par les industriels japonais et dresse deux constats : le train de réformes d'Abe représente un pari plus qu'une évolution nécessaire ; l'approche « stratégique » du gouvernement Abe à l'égard des exportations d'armes a jusqu'ici desservi son volet politique et vice-versa. En définitive,
il ressort de cette analyse que le nouveau statut d'exportateur d'armements du Japon expose le pays à de nouveaux aléas politiques plus qu'il ne profite à son gouvernement ou ses industries.