En créant en 2003 le Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (ou J-PAL) au Massachusetts Institute of Technology, les chercheurs Abhijit Banerjee, Esther... > Lire la suite
En créant en 2003 le Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (ou J-PAL) au Massachusetts Institute of Technology, les chercheurs Abhijit Banerjee, Esther Duflo et Sendhil Mullainathan ont souhaité « transformer la recherche en action ». En effet, le J-PAL s'est donné pour objectif de fournir, via une méthode expérimentale construite sur le modèle des essais cliniques en médecine, des preuves d'efficacité concrètes des programmes d'aide au développement, et de faire en sorte que ces preuves puissent être utilisées par les décideurs politiques. L'accumulation et l'utilisation de ces preuves par la sphère politique conduiraient à ce que Banerjee et Duflo appellent une « révolution douce », c'est-à-dire un monde où l'extrême pauvreté serait éradiquée. Mais comment les résultats issus de ces expériences sont-ils produits ? Ces expériences permettent-elles véritablement de produire des preuves ? Les résultats de ces expériences sont-ils fiables et utilisables par les décideurs politiques ? Peut-on transposer les résultats d'une expérience menée sur un territoire particulier à un autre territoire ? Une telle méthode peut-elle donner lieu à une transformation profonde des politiques de lutte contre la pauvreté ? Cet ouvrage se propose de répondre à ces questions en conduisant une analyse épistémologique de l'approche du J-PAL, et en interrogeant la validité de la méthode qu'il promeut, tout autant que sa portée et son apport plus global à l'économie du développement et aux politiques de lutte contre la pauvreté.