Les mutineries récentes ont attiré l'attention sur des situations intolérables. Cet ouvrage vise plus loin : le système carcéral lui-même, dans... > Lire la suite
Les mutineries récentes ont attiré l'attention sur des situations intolérables. Cet ouvrage vise plus loin : le système carcéral lui-même, dans ses structures et son fonctionnement. Ce n'est pas par hasard qu'il part du plus concret : la nourriture et l'excrétion. La prison est d'abord une machine à briser et à avilir les corps, et la régression anale qu'elle provoque souvent répond à sa structure sadique. La prison est aussi construite pour produire la ségrégation en chaîne (détenus - surveillants - monde extérieur) et la rétraction de l'individu cantonné dans un espace restreint et voué à la promiscuité. Comment prétendre qu'elle puisse améliorer, re-socialiser les délinquants alors qu'elle les contraint à vivre selon les valeurs les plus conventionnelles ou les plus caricaturales, - qu'elle puisse les rééduquer, les rendre autonomes alors qu'elle les pousse au conformisme et à la servilité ? La prison appartient à un monde horrible et condamné : celui de l'exclusion, - celui des camps de concentration et des asiles. Si le milieu fermé ne change pas, il finira par corrompre aussi le milieu ouvert. La réforme est illusoire. Il faut imaginer une société sans prisons.