J.-R. Tournoux n'est pas seulement l'un des hommes les mieux informés de son temps, celui à qui le général de Gaulle écrira : « Des secrets, il n'y en avait pas pour vous. » Indiscutablement, il existe, dans la façon de faire revivre l'histoire récente, une « manière Tournoux », et M. Edgar Faure a pu écrire : « Tournoux a créé un genre historique. » S'agissant d'événements contemporains, pour lesquels acteurs ou témoins sont vivants, l'auteur réunit entretiens, récits, témoignages et documents inédits.
Et, de l'ensemble, surgissent, presque sans qu'on s'en aperçoive, l'analyse, la philosophie, l'enseignement des faits. Ainsi, l'historien ne choisit pas, mais il expose, il n'affirme pas, mais il prouve, il explique, il cite ses sources, pour aboutir à une reconstitution, aussi fidèle que possible, de la marche du temps et du comportement des hommes. Et s'il proscrit l'imagination, il ne néglige pas la psychologie.
Pour toutes ces raisons, un livre de J.-R. Tournoux est toujours un événement attendu. Avec le Feu et la Cendre, l'ambition est peut-être plus haute encore : il s'agit de restituer, de façon globale, dans une même exigence de la vérité, et dans toute leur étendue, les années politiques du général de Gaulle, de 1946 à 1970, de « la traversée du désert » aux ultimes jours de Colombey, en passant par tous les moments capitaux de vingt-cinq ans d'histoire, le drame algérien, l'élection de 1965, ou Mai 68.
Si, pour réaliser cette fresque, J.-R. Tournoux a tenu compte des éléments exclusifs qu'il détenait déjà, jamais il n'avait rassemblé, sur cette période et sous cette forme, tous ses dossiers. Il les a enrichis de leurs références complètes - ce qui est fondamental. Ce vaste bilan, non encore tenté, apportera, notamment aux jeunes générations, et à tous les lecteurs attentifs à l'histoire et au destin de leur pays, des lumières qui vont bien au-delà de la simple actualité.
Une « somme » essentielle pour comprendre et réfléchir.