Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)
"Le vent faisait rage, la pluie fouettait les vitres du vieux manoir et le feu qui flambait dans la cuisine... > Lire la suite
Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)
"Le vent faisait rage, la pluie fouettait les vitres du vieux manoir et le feu qui flambait dans la cuisine avait réuni en cercle toute la domesticité.
C'était au château de Rochebrune en Picardie, à quelques lieues de Noyon, non loin de la route d'Amiens.
Rochebrune était une vieille demeure contemporaine des croisades, un reste de château-fort dont les fossés avaient été comblés et le pont-levis remplacé, dans un âge plus doux, par un pont ordinaire. Adossé aux derniers escarpements d'une colline, dominant une vallée sombre et presque sauvage, les murs noircis, envahis par le lierre, ses tourelles grises habitées par les orfraies et les corbeaux, le manoir de Rochebrune, hiver et été, que le printemps fût vert ou que l'automne étalât ses jours les plus chauds, avait un aspect sinistre qui saisissait le voyageur.
Car, là-bas, tout au fond de la vallée, passait une route, maintenant presque déserte en tout temps, autrefois, avant le chemin de fer, bruyante à toute heure.
Rochebrune était un château légendaire. Les sombres histoires qui avaient trait à son beffroi ou à l'étang morne et verdâtre qui s'étendait sous ses murs, au midi, se comptaient par centaines.
Pendant près de cent années, il avait été inhabité et avait eu la réputation d'un lieu maudit.
Un baron de Rochebrune, dernier du nom, y avait assassiné sa femme."
Tome II : "Les millions de la bohémienne".
Suite de "Les ravageurs"