Le pouvoir se donne à voir, il se met en scène. Son action est théâtrale, cérémonielle, protocolaire. Il se soutient de l'émotion autant que de... > Lire la suite
Le pouvoir se donne à voir, il se met en scène. Son action est théâtrale, cérémonielle, protocolaire. Il se soutient de l'émotion autant que de la raison. La culture politique moderne se caractérise par l'émergence d'un espace discursif ouvert, où des acteurs s'affrontent sur une scène publique à partir d'arguments fondés en raison. Mais la politique comme champ de lutte pour la direction d'un parti ou d'un pays, sinon comme continuation de la guerre par d'autres moyens, continue de faire appel autant à la monstration qu'à la démonstration. Son efficacité est stratégique, elle est aussi symbolique. Elle fait appel à la raison des gestes, et pas seulement à celle des textes. Elle postule à ce titre l'expressivité et l'intelligibilité du corps. Plus qu'aucun autre, celui du leader politique, à la fois corps physique et corps social, est à interroger sous cet angle, depuis l'immédiateté du face à face en meeting, jusqu'à la médiation iconique portée par la photo puis la télévision jusqu'au bout du monde. Pour rendre compte de cette bio-esthétique du politique, on prendra ici plus particulièrement pour objet le cas encore trop peu étudié des " sociétés du Sud " à l'époque contemporaine (XIX-XX), par delà l'extrême diversité des configurations socio-historiques qui les caractérisent.
Omar Carlier, Professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris VII Denis Diderot, Laboratoire SEDET. Raphaëlle Nollez-Goldbach, Doctorante en Sciences Juridiques et Politiques à l'Université Paris VII Denis Diderot.