Après Le Festival de Salzbourg et Nés pour mourir, qui évoquaient l'Anschluss et les menaces que l'Allemagne nazie faisait peser sur l'Europe de 1938-1939,... > Lire la suite
Après Le Festival de Salzbourg et Nés pour mourir, qui évoquaient l'Anschluss et les menaces que l'Allemagne nazie faisait peser sur l'Europe de 1938-1939, nous retrouvons les héros de Daniel Gillès aux prises avec la guerre. Friedl von Rosegg est capitaine dans la 7e division de Rommel et, lorsque Hitler décide de violer la neutralité de la Belgique, il est de ceux qui franchissent la Meuse, écrasant toute résistance sur leur passage. Son cousin Donat de Mellery, officier dans l'armée belge, fait, au contraire, partie des vaincus, de ceux qui connaissent le désordre et la honte de la retraite. Pourtant, il se bat, notamment sur la Lys, avec un courage désespéré. Donat a épousé la belle Laurence, dont la guerre le sépare cependant qu'elle met en présence, de façon extraordinaire, Laurence et Friedl blessé presque à mort... Harold, le père de Donat, qui est sénateur, est un des premiers à accuser le roi des Belges Léopold III (dont il était l'un des fidèles) d'avoir trahi. Le 30 mai 1940, celui-ci sera déchu par les Chambres belges repliées à Limoges. Et tandis que la chère et adorable Granny meurt, abandonnée de tous, dans un Bruxelles occupé, Renata von Rosegg essaye de toutes ses forces, du fond de son couvent autrichien, de maintenir la flamme de l'amour au milieu de ce fleuve de haine qu'est la guerre. Le talent puissant et clair de Daniel Gillès retrace pour nous, à travers chacun de ses principaux personnages, et avec un souci remarquable du détail concret, véridique, ce temps de lâcheté et de mort, de débâcle et de cruauté. Cela fait de La tache de sang une ouvre émouvante, terrible - et même, dans certaines scènes, hallucinante. Les hommes et les femmes qui en sont la chair et l'esprit font en effet plus que s'affronter sur le plan des intérêts et des passions, ils jouent à chaque instant leur vie.