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Comment une secte périphérique s'est-elle muée en religion universelle, socle de civilisations ? Tout commence par une rupture, lente, et non voulue : le « mouvement de Jésus », né d'un judaïsme polymorphe, et lui-même divers, mit un siècle, et davantage, à s'émanciper. Jetée dans le monde hellénistico-romain, la foi nouvelle connaît la persécution et s'affronte à la culture ambiante ; elle se bâtit, sur un double plan : doctrinal (la « Grande Église » crée son orthodoxie, contre les « hérésies ») et structurel (les instances de régulation se fixent). Le IIIe siècle marque un tournant, tragique parfois : communautés plus nombreuses, plus étoffées et plus bigarrées, institutions consolidées, survenue de théologiens majeurs, champ élargi des normes disciplinaires, balbutiements d'un art. Quand Constantin se convertit, le christianisme, minoritaire, n'est plus un phénomène marginal : le bon plaisir de l'empereur ne l'a pas tiré du néant. Telle est la courbe, aléatoire, qu'entend décrire ce livre, textes à l'appui. Il le fait sans oublier qu'ici, plus qu'ailleurs peut-être, la description ne peut se déployer que sur un fond épais d'incertitudes et dans un flot pressé de remises en question. Paul MATTEI, ancien élève de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, est professeur de langue et littérature latines à l'Université Lumière (Lyon 2) et conseiller scientifique de la Collection « Sources Chrétiennes ».