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« De même que certains profils, certaines physionomies, ont le privilège de charmer et hantent volontiers l'imagination, il est aussi des paysages, des aspects, des ouvres de la nature ou de l'art, dont la vision se grave profondément dans la mémoire. Les châteaux d'Amboise, Chaumont, Blois, Chenonceaux, sont de ce nombre ; et il suffit que leur nom vienne frapper l'oreille pour aussitôt éveiller tout un monde de souvenirs.
Mais c'est Chambord qui l'emporte sur tous, parce que là, et là seulement, se rencontre un inconcevable mélange de grandeur et de mystère, parce que tout y est un sujet d'étonnement et qu'on s'y heurte sans cesse à de frappants contrastes.
Le philosophe comprend à merveille qu'un roi ait voulu fuir les bords de la Loire ou du Cher, pour se choisir une retraite sur les rives plus ignorées du Cosson. Mais il s'explique moins qu'on ait adopté ce plan gigantesque et ces dispositions inhabitables, pour jeter au milieu des landes de la Sologne ce qu'il appelle un colossal caprice.
L'historien peuple ces vastes salles du brillant cortège des Valois, à la suite de François Ier, le Roi Chevalier, dont la main toucha presque le sceptre impérial ; il assiste, avec les courtisans du Roi-Soleil, à la première représentation du Bourgeois-Gentilhomme. Puis il voit le superbe château devenir l'asile de Stanislas, un roi détrôné ; et enfin, le domaine offert par la France à un prince (resté, pour ses fidèles, un type chevaleresque, ) mort à l'étranger sans pouvoir ceindre la couronne, posant à peine le pied à Chambord dont il portait le nom dès son berceau. »
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.