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Deux contradictions entravent gravement le fonctionnement de la démocratie française. D'abord les grands problèmes de l'heure - l'Europe, l'économie, la place de l'État - divisent l'opinion selon des lignes de partage qui ne correspondent plus à celles des partis traditionnels. Un sentiment d'irréalité décourageante affecte donc la vie politique. Plus grave encore : sitôt élues, les nouvelles majorités s'empressent d'oublier leurs promesses de campagne en invoquant des « contraintes », notamment européennes, auxquelles elles seraient tenues d'obéir. Ce fut le cas de la gauche au début des années quatre-vingt, puis celui de Jacques Chirac en 1995 ; ce sera - peut-être - celui du gouvernement Jospin. Bref, chacun professe les idées de la République pour gagner les élections, et les oublie dès qu'il s'agit de les traduire en actes. Ce « bluff républicain », qui domine la vie politique depuis le début des années quatre-vingt-dix, explique pourquoi les majorités élues jugent « impossibles à satisfaire » les demandes constantes et inlassables du corps électoral. C'est cette crise sans précédent de la représentation démocratique que Philippe Cohen analyse et raconte dans ce livre. Comment est-elle vécue par les grands partis, à droite comme à gauche ? Comment les deux camps, saisis par le même vertige, confrontés aux mêmes impératifs de l'Europe et de la mondialisation, tentent-ils de redéfinir leur identité ? Loin des langues de bois et des discours convenus, voici une passionnante radiographie de ce nouveau mal français.