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Passionné d'éthique et de littérature, Ducasse avait tout du bon élève qui en sait déjà trop pour pouvoir croire longtemps ses maîtres, mais pas encore assez pour ne plus croire les livres. Les maîtres sont des « sceptiques » à la mode du Second Empire, tandis que les livres veulent, disent-ils, lutter contre le Mal. Ils le dépeignent avec ardeur ? Certes, mais c'est par « méthode », pour mieux vanter le Bien. Excellente tactique, pense d'abord Ducasse, qui veut lui aussi contribuer à cette noble croisade où il voit l'avenir : peignons le Mal sous ses couleurs les plus horribles, et les âmes oppressées ne pourront que se jeter dans les bras du Bien. Voilà, au rebours de ce que l'on a longtemps cru, tout le programme des Chants de Maldoror. Mais des doutes naissent, -peu à peu. Quelle est-elle donc cette « morale » dont chacun se réclame et que les Chants veulent servir par leurs propres moyens ? Quels sont ces moyens ? Pourquoi ont-ils échoué, nous laissant confondre leur subtil utilisateur avec ce qu'il vomissait : ces « hurleurs maniaques », ces anges du Mal, ces « farceurs au quarteron » dont il voulait précisément la fin ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles ce livre s'efforce de répondre, en relisant pas à pas les Chants.