Dès la fin des années 1970, après plus d'une décennie de recherches sur les formes de la domination coloniale, il nous avait été donné en tant... > Lire la suite
Dès la fin des années 1970, après plus d'une décennie de recherches sur les formes de la domination coloniale, il nous avait été donné en tant que jeune historien de réfléchir sur la pertinence et les limites des démarches d'appréhension de la société algérienne dans le temps présent, la moyenne et la longue durée. Les disciplines et les catégories sociales de la sociologie et de l'historiographie classiques que nous avions apprises sur les bancs de l'université ne nous permettaient plus d'éclaire les crises profondes que notre société traversait dans tous les domaines, avec leur lot d'errements et d'affrontements incessants contre l'ennemi extérieur et contre l'adversaire présumé de l'intérieur. Notre projet pour rendre compte d'un processus mis en ouvre en pleine lutte de libération nationale, et qui continuait de produire ses effets plus d'une décennie après l'indépendance, a été d'apporter par nos travaux un éclairage particulier à partir de sources orales puisées auprès de ceux-là mêmes qui ont eu à affronter le problème sur le terrain des faits. D'abord, qui sont ces hommes?? D'où viennent-ils?? Comment sont-ils arrivés au politique?? Quelle était leur conception du pouvoir, de l'Etat, des hommes et de leur gouvernement?? Cette conception a-t-elle évolué avec le temps et quelles en ont été les déterminations?? Il y avait donc lieu de s'interroger sur les origines de ces hommes qui ont fait la décision, sur leur formation et leur appartenance politique, le poids relatif des groupes et de ceux qui les représentent dans les partis et dans les institutions qu'ils ont mis en place. La rencontre avec Si Abdallah Bentobbal et l'entretien qu'il nous a accordé, Mahfoud Bennoun et moi-même, a duré près de cinq années, de 1980 à 1985. Il devait être publié dès 1985. Le projet de publication est malheureusement resté sans suite. Quarante années plus tard, il nous a semblé d'une extrême importance de le rendre au peuple algérien auquel il était initialement destiné.À PROPOS DE L'AUTEURMaître de conférences en histoire contemporaine à l'université d'Alger, Daho Djerbal est, depuis 1993, directeur de la revue Naqd, d'études et de critique sociale. Après une dizaine d'années de travaux en histoire économique et sociale, il s'oriente vers le recueil de témoignages d'acteurs de la lutte de libération en Algérie. Il travaille aussi à la relation entre histoire et mémoire.