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La sociologie, loin de " réduire " les pensées les plus originales à des structures sociales impersonnelles, n'ignore ni la portée des innovations ni la valeur des idées, mais elle envisage les philosophes pour ce qu'ils sont : des hommes comme les autres, dotés d'intérêts et d'attentes qui, pour être spécifiques, ne tombent pas du ciel des idées pures.
La première des tâches est de comprendre comment, en France, une doctrine pédagogique, un apprentissage scolaire, des exercices comme la dissertation, un art oratoire contribuent à structurer les esprits et à garantir le statut philosophique des discours. Pour autant, la diversité croissante des manières d'être philosophe dans la période contemporaine n'est pas un simple leurre : le penseur original, le maître de khâgne, l'érudit, la vedette médiatique semblent bénéficier d'un même titre de noblesse intellectuelle.
Ce livre ne propose ni panorama, ni manifeste, ni plaidoyer, mais des instruments d'analyse pour comprendre l'obscur engendrement des idées et le pouvoir de séduction que certaines d'entre elles semblent posséder. Alors que la philosophie est devenue le lieu où s'affrontent plus que jamais des définitions sensiblement opposées de ce qu'elle est et prétend être, la sociologie peut favoriser à sa manière ce regard réflexif auquel les philosophes auraient mauvaise grâce à se soustraire puisqu'ils sont les premiers à en revendiquer, sinon l'urgence, du moins les mérites.
Philosophe et sociologue, directeur de recherche au CNRS, Louis Pinto a notamment publié Les Philosophes entre le lycée et l'avant-garde (L'Harmattan, 1987) et Les Neveux de Zarathoustra. La réception de Nietzsche en France (Seuil, 1995).
Louis Pinto, philosophe et sociologue, directeur de recherches au CNRS, est notamment l'auteur de Pierre Bourdieu et la théorie du monde social, « Points-Essais », 2002.