Il était juif, né à Kiev à la fin du siècle dernier. Il participa à la révolution de 1905. Mais, jeune exilé dans le Montparnasse de Picasso et... > Lire la suite
Il était juif, né à Kiev à la fin du siècle dernier. Il participa à la révolution de 1905. Mais, jeune exilé dans le Montparnasse de Picasso et de Max Jacob, il voulut un temps se convertir au catholicisme et préféra aux bolcheviques Péguy et Léon Bloy. Dès la révolution de 1917, il rejoignit la Russie. Mais il fit tout pour échapper au pouvoir des Soviets et repartir pour un long exil. Poète, critique d'art, romancier, grand reporter, ou correspondant de guerre en France, en Espagne et sur le front russe, il se voulait écrivain russe, européen, trait d'union entre l'Est et l'Ouest. Mais il fut en fin de compte un Soviétique. Qui plus est, un Prix Staline. Il n'appartint jamais au parti communiste. Ses amis - Boukharine, Babel, Mandelstam, Meyerhold... - furent exterminés par Staline. Mais celui-ci ne s'attaqua jamais à lui et en fit son « ambassadeur officieux » aux temps de la guerre froide. On l'accusa d'être une créature du stalinisme. Mais c'est lui qui inventa le mot « dégel » et s'épuisa au côté de Khrouchtchev, puis contre celui-ci, à faire du mot une réalité. Écrire la biographie d'Ilya Ehrenbourg, c'est comme chercher patiemment les pièces éparses d'un puzzle. Pour retrouver le fil d'une vie dans son siècle. Une vie tumultueuse, s'il en fut. Nadejda Mandelstam qui fut son amie pendant près de cinquante ans écrivit, à sa mort : « Parmi les écrivains soviétiques, il était et il est resté un merle blanc. Sans défense et faible comme tout le monde, il tentait néanmoins de faire quelque chose pour les hommes. [...] Ce fut peut-être lui qui, précisément, a réveillé ceux qui sont devenus les lecteurs du samizdat. »