« À gauche et à droite, la vase. Devant, derrière, à perte de pas et à perte de vue, la vase, partout. Coste remuait les orteils dans l'argile... > Lire la suite
« À gauche et à droite, la vase. Devant, derrière, à perte de pas et à perte de vue, la vase, partout. Coste remuait les orteils dans l'argile molle, fraîche et douce. Il s'enfonçait. Un grèbe passa, le vol rasant. Je dois partir. Fermi est sur la piste de Balmer, mon temps est compté. » Des noms bizarres vont et viennent, se croisent de justesse dans une mission impossible sur fond de géologie, de sciences, de littératures et de philosophies mêlées. Sur ces pistes mouvantes, avec ces genres dévoyés, l'auteur bâtit avec une belle assurance une ouvre comme un empilement d'indices, comme un défi au hasard. À l'ombre de la forme tutélaire du Mont Saint-Michel, une vision du monde s'étage que réfracte une certaine Élizabeth Berg, « spectre » surgi de la nuit du temps. Figure clé de ce roman aux accents perequiens, cette créature synthétise dans le contexte prosaïque d'un faux polar toutes les ambitions de composition et affirme les partis pris esthétiques d'un nouvel écrivain qui nous livre sa formule : « Tout y étant arbitraire, il fallait que rien n'y fût gratuit ».