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Il n'y a pas trente-six façons de parler littérature, mais deux : l'une historique, l'autre formelle. Du moins voilà près de deux siècles que nous balançons entre elles. Or, les formalismes au pouvoir depuis vingt ans donnent des signes de fatigue. Comment s'en sortir sans retourner bêtement en arrière, à l'histoire littéraire de nos aïeux, ces barbichets qui furent les docteurs de l'Etat, les pères de la République ?
En demandant comment nous en sommes venus là ; que fut cette discipline contre laquelle les années 60 s'insurgèrent et par quels compromis elle s'institua ; comment elle fut à la fois politiquement progressiste et intellectuellement réactionnaire ; pourquoi, enfin, l'"agitation moderniste" d'avant 14 se sclérosa à toute vitesse. Voici donc la petite histoire d'une crise : 1870-1914, les affaires entre deux guerres, la fondation de l'Université radicale, et le passage de la "vieille vieille critique" (Sainte-Beuve, Taine, Brunetière) à l'histoire littéraire (Lanson et sa clique).
Plus une pensée pour les revers de la Troisième des Lettres : Proust et Flaubert, en manière de semonce à une histoire littéraire qui est toujours restée devant la littérature comme une poule qui a trouvé un couteau.
Antoine Compagnon