Alors qu'il s'est réfugié à l'automne de 1444 dans une petite ville autrichienne pour échapper à l'épidémie de peste qui règne dans l'entourage... > Lire la suite
Alors qu'il s'est réfugié à l'automne de 1444 dans une petite ville autrichienne pour échapper à l'épidémie de peste qui règne dans l'entourage de Frédéric III, où il vit, Æneas Silvius Piccolomini, qui deviendra pape en septembre 1458 sous le nom de Pie II, consacre ses loisirs forcés à composer une épître contre la vie de cour. Cette lettre, adressée à son ami Johannes von Eych, conseiller de l'empereur, est rédigée en quelques semaines seulement. Elle constitue un bon exemple de l'attitude humaniste à l'égard du taedium curiae. Nourrie de multiples références à la littérature latine classique (Juvénal et Cicéron), elle doit aussi beaucoup aux écrits de Poggio Bracciolini et du théologien médiéval Pierre de Blois. En raison de son importance littéraire, la composition de Piccolomini a très rapidement reçu les honneurs de traductions. C'est le domaine français qui inaugure la série des translations, avec une transposition réalisée avant juillet 1477, aujourd'hui conservée dans le manuscrit, Paris, BnF, fr. 1988. Demeuré inédit, ce texte mérite une attention toute particulière. Il illustre clairement les difficultés liées au passage d'un idiome à un autre, surtout quand le latin humaniste de départ est nourri de citations prélevées dans le latin classique, mais aussi influencé par l'italien, langue maternelle de l'auteur. C'est pourquoi le classique travail philologique d'établissement du texte est ici accompagné d'une analyse des moyens que le traducteur a mis en ouvre pour rendre sans trop d'infidélités son modèle.
La traduction en moyen français de la lettre anticuriale De curialium miseriis epistola d'Aeneas Sivius Piccolomini est également présent dans les rayons