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Avec La Symphonie des nouveaux monstres, Christian Langlois conduit, en chef d'orchestre subtil, un véritable jeu de massacre dont l'onirisme est le fer de lance. Nous sommes conviés à une grande fête noire (souvent), rose (parfois) que l'auteur nourrit d'un faisceau d'expressions, passant du conte fantastique (L'étrange Cité des chiens) à la satire - ce qui apparente certains de ses textes sur les médias à la flamboyante saga d'un Norman Spinrad - du pamphlet à la fable. Ces livrets nous donnent à déchiffrer les partitions d'un Christian Langlois dévastateur. Observateur lucide de notre société et de ses contorsions, qu'il pourrait comparer à celles de l'insecte sur la flamme, Langlois se révèle tour à tour un disciple d'Aloysius Bertrand (Vade retro), un moraliste teigneux, un élégiaque (Stabat mater), un atroce magicien, un beau-fils sanglant. L'auteur se gausse, au second degré, d'une certaine idée de l'art contemporain (le Bidule, ce nouveau monstre...). Il se défie d'être parmi ceux qui veulent supprimer Le jardin inutile, moque les mauvaises raisons des politiques et dévoile, par une métaphore sportive, les profondeurs inquiétantes de l'âme humaine. La palette de Christian Langlois est large, son appétit d'ogre (Osmose). Avec lui, nous apprenons à « vociférer » le monde, plus rarement à l'aimer. Son livre est une sommation sans frais qui inaugure notre collection « Nouvelles Féroces » où, grâce à l'éclairage de l'humour noir, des auteurs contemporains témoigneront sur toutes les facettes de notre monde, ouvrant ainsi ce qu'on pourrait appeler les « dossiers du chaos ».