Le roi du sel constitue un véritable roman. Retrouvé il y a peu de mois, il n'est nullement un fond de tiroir, ni un de ces montages fabriqués à coups... > Lire la suite
Le roi du sel constitue un véritable roman. Retrouvé il y a peu de mois, il n'est nullement un fond de tiroir, ni un de ces montages fabriqués à coups de ciseaux par un disciple trop zélé. Joë Bousquet l'avait revu, et mis au point lui-même pour publication. Il n'eut jamais, hélas, la joie de tenir entre ses mains ce livre qu'il aurait voulu ajouter à la Bibliothèque rose, comme un recueil de contes fantastiques inspirés par le village de son enfance. L'écrivain a trouvé là, en effet, une nouvelle source d'inspiration romanesque, où le village marin de La Palme et le personnage du roi du sel, ce gueux merveilleux, ne font qu'un. La Palme, c'est le temps retrouvé, l'enfance, la lumière heureuse de ces vacances que Joë Bousquet passait, chaque été, auprès de son grand-père ; c'est l'apprentissage de la liberté, l'émoi des premières rencontres avec ces filles gauchement impudiques que le vent déshabillait et apprenait à rougir. C'est aussi le légendaire méditerranéen, peuplé de ces individus singuliers et fantasques, fils de pirates dont l'existence débordait d'aventures picaresques, autant que leur mémoire ancestrale était remplie de contes à dormir debout. Inédit, lui aussi, le Conte des sept robes, que nous publions à la suite du Roi du sel, est un hommage rendu aux sept femmes que Bousquet a le plus aimées, ou qui incarnaient le mieux à ses yeux la féminité absolue, chacune d'elles rejoignant, par des sentiers de forêt, ce qu'elles sont toutes sans le savoir. Ces femmes n'existent que comme apparences, elles ne sont que leurs robes, elles ne sont qu'extériorité : elles prennent les couleurs de l'oil qui les regarde, ou qui les attend. Elles sont aussi la substance de celui qui les contemple avec amour. Mais si elles aiment à leur tour, alors elles s'intériorisent, et elles apportent à l'homme l'oubli de ce qu'il est. Ce texte, dans lequel Bousquet semble nous dire que l'amour de la femme est trop grand pour l'homme, fait partie de ces contes plus purs, de ces contes parfaits, à travers lesquels le poète cherchait, avec une sorte d'enivrement, à mettre tout l'imaginaire dans la réalité.