Dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, avec la Révolution, la France a vécu une extraordinaire accélération de l'Histoire. Mais si le mouvement... > Lire la suite
Dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, avec la Révolution, la France a vécu une extraordinaire accélération de l'Histoire. Mais si le mouvement révolutionnaire fut essentiellement parisien, il revêt une grande diversité et une extrême complexité dans les différentes régions du pays.
L'analyse historique « à la loupe » d'un microcosme cantonal du département de la Somme - celui de Villers-Bocage, au nord d'Amiens - composé alors de neuf communes (Bertangles, Coisy, Flesselles, Molliens-au-Bois, Montonvillers, Poulainville, Rainneville, Vaux-en-Amiénois et Villers-Bocage), permet d'appréhender les mentalités rurales face au phénomène révolutionnaire et, aussi, de mesurer les concordances et les discordances idéologiques entre Paris et la campagne picarde.
La rédaction des cahiers de doléances, les réformes administratives et l'émergence d'une « classe politique » locale, les bouleversements sociaux, la vente des biens nationaux, les problèmes religieux, la guerre révolutionnaire et ses conséquences humaines et économiques : tout atteste que la Révolution - comme la Contre-Révolution - dans le canton de Villers-Bocage furent empreintes de modération. L'ouvre révolutionnaire est certes appliquée, mais avec une tempérance prudente. Les paysans approuvent, sans retenue, l'abolition de la féodalité et la vente des biens nationaux, ils sont par contre réticents à la déchristianisation. Le canton ne fut ni le faubourg Saint-Antoine, ni la Vendée. On n'y a pas pris la Bastille ! C'est la Révolution tranquille.
Christian Manable, professeur d'histoire-géographie, auteur de « Rainneville, histoire d'un village picard » et de « Une seigneurie rurale au dernier siècle de l'Ancien régime : Ennemain ».