Jean-Baptiste Cloots, dit Anacharsis Cloots, connut une trajectoire unique durant la Révolution française. Issu de la noblesse allemande d'origine hollandaise,... > Lire la suite
Jean-Baptiste Cloots, dit Anacharsis Cloots, connut une trajectoire unique durant la Révolution française. Issu de la noblesse allemande d'origine hollandaise, il s'installe en France en 1789, à l'âge de trente-quatre ans, pour prendre part aux événements politiques en cours. Théoricien de la liberté radicale, il se fait élire député de l'Oise, participe aux travaux de rédaction de la Constitution de la Ière République, il est même brièvement élu président du Club des Jacobins. D'emblée, il cherche à appliquer les idéaux de la Révolution à l'humanité et à étendre le projet de constitution au monde entier. Rédigées en 1793, Les Bases constitutionnelles de la République du genre humain défend la thèse suivante : si les principes de la Révolution française prétendent être absolus, il n'y a pas de raison que leur application soit limitée à un pays ; par là-même, ils font advenir une « république universelle ». Aussi la Révolution aboutira-t-elle nécessairement à ce qu'il appelle la « sans-culotterie universelle ». Anacharsis Cloots est le premier penseur à réfléchir à l'idée d'un constitutionnalisme mondial - idée aujourd'hui passée dans le champ du droit international et de la gouvernance mondiale. Sa vision, portée par un optimisme politique et moral certain, fait exploser les cadres alors en vigueur d'un constitutionnalisme valable dans les frontières des royaumes et des Etats. Ce précurseur adopte une position unique dans l'histoire de la pensée politique. Nombre d'auteurs (notamment Kant avec son thème de la « Weltrepublik ») s'en servent comme repoussoir théorique. Considéré comme un idéaliste, il est condamné par Robespierre quelques mois seulement après la publication de l'ouvrage pour son universalisme radical. Il est guillotiné à Paris le 24 mars 1794.