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Quand il était un très jeune préfet de la Haute-Loire, puis de la Haute-Marne, Edgard Pisani militait déjà pour le développement régional, se posant ainsi une question qui devait aboutir à celle qui est débattue publiquement avant de faire l'objet d'un référendum. Les responsabilités qu'a assumées l'ancien ministre de l'Agriculture, sa politique de modernisation, sa large expérience dans le domaine administratif et son sens des traditions, des réalités et des perspectives françaises l'ont conduit à écrire un livre important, appelé à un grand retentissement, sur une question, on ne peut plus d'actualité, et vitale entre toutes. Dans un pays comme la France, « étatiste » et centralisateur, où le Pouvoir n'a cessé d'étendre son emprise, le poids de l'appareil public devient excessif et finit par l'emporter sur le politique. L'entreprise nationale s'étiole au moment même où s'ouvrent nos frontières ; l'Université se fonctionnarise, les collectivités locales sont inadaptées à la vie réelle. Paris polarise les forces, les richesses, les espoirs. Edgard Pisani estime nécessaire la réforme régionale mais il sait aussi qu'elle est difficile et il se pose loyalement la question de savoir si elle est possible chez un peuple toujours en proie aux contradictions : nous voulons la réforme communale et aussi la sauvegarde de toutes les écharpes, la création d'une collectivité publique de Plein exercice et aussi le maintien du préfet comme exécutif régional... Nous voulons, en même temps, l'autonomie locale, qui nous flatte, et l'omniprésence de l'État, qui nous rassure. Nous sommes tous des Jacondins, mi-jacobins, mi-girondins. Et le gouvernement n'est pas le seul responsable de ce qu'il y a d'incertain et d'informe dans la réforme projetée, lui à qui il appartient cependant de rendre possible le nécessaire.