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Une « question animale » se pose avec insistance aujourd'hui : découvertes majeures en éthologie, avec la mise en évidence de cultures animales ; prolifération de discours philosophiques, d'essais littéraires, de récits consacrés aux bêtes, multipliant les protocoles de relecture qui questionnent les rapports entre la raison et le sensible ; développement d'une « éthique animale » et « environnementale ». Car cet intérêt se dessine sur fond de catastrophe écologique et d'extinction des espèces. Alors que les avancées scientifiques font apparaître des mondes perceptifs communs aux animaux et aux hommes, que l'imagination littéraire avait sondés autrement, leurs communautés vécues reculent, voire disparaissent, produisant une inquiétude nouvelle. L'idée surgit d'un « contrat » moral entre humains et animaux que l'époque moderne aurait rompu. Faut-il construire un tel contrat pour notre présent, et avec quels instruments ? Ou faut-il repenser de fond en comble nos rapports avec le monde animal ? Sur ces questions se confrontent utilitarisme anglo-saxon et déconstruction continentale, les uns parlant de droits, de devoirs et d'intérêts mutuels, les autres ouvrant à « rouvrir la question du pathos » et faisant entendre le « silence des bêtes », tandis qu'une nouvelle littérature, fictionnelle ou non, réquisitionne les pouvoirs et les limites de l'empathie et de la compassion. Au risque d'alimenter un nouveau mythe : celui de l'animal-victime, témoin muet d'une faute humaine universelle, qui viendrait rejoindre et représenter les victimes des catastrophes historiques du XXe siècle. Ce livre tente d'accompagner ces questions et ce mythe sur un mode critique, qui nous invite à penser à nouveaux frais nos similitudes et nos différences.