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Comment a-t-on conçu le rapport de la pensée de l'Histoire et du savoir politique, avant Hegel et Marx, en un temps où s'effondraient les anciens modèles (imperium romain, déterminisme des climats), avant même le choc révolutionnaire, et où on essayait déjà de bâtir, par des voies diverses, une politique « naturelle », ou d'en dépasser les pesanteurs dans une société du contrat ? La question n'est assurément pas d'érudition, et, si on l'approfondit et la diversifie, elle peut prendre un air étrangement familier. Qu'est-ce qui permet de comprendre dans une réflexion théorique un cycle complet d'expérience historique et politique ? Pourquoi faut-il finalement chercher, en dehors de l'expérience historique même, ce qui peut seul assurer, serait-ce dans l'ordre du religieux, la cohésion de la société civile ? Qu'est-ce qui fait que l'Histoire est une machine politique aux terribles déperditions d'énergie, oscillant entre le cauchemar simplificateur de la vérité armée et le rêve trompeur d'une société civile spontanément harmonique ? Comment et à quel prix faire le « travail de deuil » d'un modèle historique devenu caduc ? Les hommes des Lumières se sont posé ces questions, qui sont à nouveau les nôtres, et ils ont rencontré dans leur recherche des obstacles intellectuels qui nous sont très proches. Il arrive à l'histoire des idéologies de paraître curieusement anachronique. Mais on a voulu surtout, à travers la description du travail de quelques grandes pensées, retrouver le terrain originel d'une interrogation sur le politique.