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Les modes de vie occidentaux s'étant diffusés partout, l'anthropologie n'a plus désormais de peuplades à découvrir. Désorientée après un essor fulgurant lié à l'ère post-coloniale, elle doit aujourd'hui faire face à l'absence de modèles explicatifs et se voit réduite trop souvent à une simple ethnographie de terrain, purement descriptive. Devant cette situation, les uns ont cherché le salut dans une analyse des sociétés contemporaines ; les autres, dans une formalisation capable de conférer enfin à l'anthropologie la dimension de science rigoureuse. Pour répondre à cet état de crise, Francis Affergan, professeur d'ethnologie à l'université de Nice, a voulu interroger les fondements mêmes de la discipline anthropologique et repenser son discours. S'inspirant des courants phénoménologiques, du second Wittgenstein et des théories du récit, et prenant appui sur son propre terrain, il recourt à la notion de fiction ou, selon l'expression de Husserl, d'« esquisse », entendue au sens de fabrique expérimentale et d'horizon de sens. Les sociétés et les cultures se forgent elles-mêmes dans une temporalité qui leur est propre et l'anthropologue peut en rendre raison à condition qu'il ne se laisse pas aveugler par des concepts prédéfinis (le clan, la tribu, la parenté, etc.), mais qu'il accepte de lire les sociétés comme traversées par des événements. Ainsi, l'ethno-anthroplologie, refusant de s'enfermer dans un empirisme aveugle, peut se donner les moyens de comprendre le sens, la pluralité et la diversité des mondes humains.