La photographie de groupe en classe constitue à force d'être répétée, et cela depuis le milieu du XIX' siècle, une partie de la mémoire de l'école... > Lire la suite
La photographie de groupe en classe constitue à force d'être répétée, et cela depuis le milieu du XIX' siècle, une partie de la mémoire de l'école et de la société qu'elle représente. Elle semble accompagner le deuil d'une multitude d'histoires scolaires et en même temps conjurer ces disparitions.
Cette image particulière, mise en scène d'une réalité institutionnelle capturée par l'appareil photographique, répétée au cours d'un rituel codifié, conservée ou non par les usagers, loin d'être monolithique et univoque, paraît être porteuse d'un ensemble de significations institutionnelles et intimes. Cette photographie pourrait ainsi dire des choses sur ce et ceux qu'elle montre, mais également sur ceux qui la montrent. Elle pourrait dire des choses sur ce qui se voit, mais aussi sur ceux qui l'ont prise ou provoquée, sur ceux qui la gardent et la regardent, présents ou non sur le cliché. Témoignant d'un monde extérieur à la famille mais ayant sa place dans l'album familial, elle paraît être une zone intermédiaire entre l'individu, le groupe familial et le groupe extérieur social de l'école. Cet ouvrage aborde les différents contenus, manifestes et latents, mêlant l'implicite et l'explicite, qui émergent de cette image et qui laissent penser que ce médium est porteur d'un imaginaire collectif doublé d'un imaginaire individuel. Il propose donc de "prélever" cette mise en forme particulière de l'institution scolaire pour en faire émerger du sens, cela en utilisant ce document non pas comme une simple illustration mais comme un objet d'étude pouvant servir autant de mémoire que d'outil d'analyse.