Rêve de refonder la scientificité de la philosophie, la phénoménologie de Husserl, qui ne voulut pas tant décrire la réalité extérieure des choses... > Lire la suite
Rêve de refonder la scientificité de la philosophie, la phénoménologie de Husserl, qui ne voulut pas tant décrire la réalité extérieure des choses que la manière dont ces choses sont données à la conscience, et pas tant la conscience que ce que veut dire, pour une conscience, d'être face à des choses qui lui sont données, est-elle un moment révolu ? Rien n'est moins sûr, à considérer, comme Heidegger ou Merleau-Ponty, qu'elle met en jeu la condition même de la pensée : être inscrite dans une relation nécessaire à un monde qui est à penser. La démarche phénoménologique peut alors devenir la méthode d'un renouvellement radical de la charge de la philosophie elle-même : ne plus s'attacher à la présence, autour d'elle, de l'étant, mais à l'énigme de l'être dans laquelle cette présence lui est octroyée.À moins que ce renouvellement ne soit lui-même débordé par des tâches plus pressantes : n'est-ce pas pour avoir compris l'urgence de nommer, parmi tous les phénomènes, les plus originaires ou les plus extraordinaires d'entre eux - altérité d'autrui, singularité du tragique, surgissement de la Révélation, sentiment de vivre -, que des auteurs comme Levinas, Schürmann, Jean-Luc Marion, Michel Henry auront à leur tour, et tour à tour, contesté à Heidegger que la phénoménologie n'ait à faire résonner que la relation exclusive de la pensée et de l'être ?Quelle est alors la vérité de la phénoménologie ? Normalien, agrégé et docteur en philosophie, Benoît Donnet enseigne en classes préparatoires à Clermont-Ferrand.