Le narrateur vient de perdre un amour qu'il croyait absolu. Il cherche à déchiffrer son angoisse. Pour retrouver son équilibre, il repense son enfance.... > Lire la suite
Le narrateur vient de perdre un amour qu'il croyait absolu. Il cherche à déchiffrer son angoisse. Pour retrouver son équilibre, il repense son enfance. Au rythme d'un temps qui, à la différence de notre temps horaire, est réversible, les émotions sont revécues, enchevêtrées, refondues. Alors se déroule un roman d'une grande puissance poétique. Cet art d'orchestrer des souvenirs, cette virtuosité à démonter des mécanismes spirituels sont ceux d'un Proust, mais d'un Proust mystique qui irait plus loin dans une direction ascensionnelle. Raymond Dupin va découvrir le processus de la grâce, l'objet de la contemplation, l'activité plénière de l'Être ; il reconnaît et définit la perfection révélée en les termes d'une « valeur absolue ». Par sa conception dialectique qui correspond en quelque sorte à une nouvelle compréhension du dogme de la Trinité, l'Auteur rencontre Maître Eckhart auquel il donne un prolongement psychologique en liant son enseignement à la science des valeurs. Par sa révélation d'une totalité de l'Esprit qui commande à la réalisation du « soi », il rejoint C.-G. Jung. Son originalité est manifeste et sa conception demeure ordonnée autour d'une expérience du divin, spontanée et sincère. La révélation de ce processus de la contemplation parfaite qui est un mouvement régénérateur étendu à toute la nature humaine, est une découverte. Voilà l'importance de ce roman qui déborde l'espace littéraire et qui contient des pages étonnantes, comme celles où nous assistons à une résurrection de George Sand dans son authenticité mystique. La richesse d'idées de Raymond Dupin a déjà été relevée lors de ses précédents romans et Georges Charensol, dans « Les Nouvelles Littéraires » affirmait avec juste raison que son « remarquable début mériterait de retenir l'attention des Goncourt ou des Renaudot ».