« La chose est ingénieuse, et tout à fait de ta manière : car pour ce qui est de l'usage des artifices, à nous le gâteau ! ». C'est ainsi que le... > Lire la suite
« La chose est ingénieuse, et tout à fait de ta manière : car pour ce qui est de l'usage des artifices, à nous le gâteau ! ». C'est ainsi que le personnage du parent, dans Les Thesmophories d'Aristophane, salue l'invention du dernier stratagème d'Euripide, soulignant du même coup l'importance de la ruse dans la dramaturgie de ce poète. Se proposant d'approfondir l'intuition aristophanienne, la présente étude explore, après deux chapitres liminaires consacrés au vocabulaire euripidéen de la ruse et à la typologie de ses acteurs, la fécondité dramaturgique du scénario rusé dans les tragédies d'Euripide, de son insertion dans l'intrigue globale à son développement en scènes-types de planification, de tromperie et de dévoilement. D'expédients salvateurs en pièges meurtriers, la ruse euripidéenne apparaît comme une forme théâtrale privilégiée pour l'expérimentation des ambiguïtés de la parole et du visible. À travers la mise en scène des machinations de ses astucieux héros, le poète s'inscrit dans les débats intellectuels de l'Athènes des sophistes. Mais il offre aussi une réinterprétation de l'anthropologie tragique traditionnelle, où trompeur ingénieux et dupe aveugle apparaissent comme les deux faces d'une même humanité.