Nous sommes désormais sortis d'une époque où la disjonction radicale de l'auteur et de l'ouvre conduisait à n'envisager la relation de l'écrivain... > Lire la suite
Nous sommes désormais sortis d'une époque où la disjonction radicale de l'auteur et de l'ouvre conduisait à n'envisager la relation de l'écrivain au monde, pour l'essentiel, que sous la forme d'un engagement qui, justement, le dégageait largement de ce qui l'avait fait écrivain, et l'établissait parmi les intellectuels. Rabattue au versant de l'histoire culturelle et du politique, la présence de l'auteur au monde se trouvait pour une part déliée des valeurs que ses livres, précisément, mettaient en ouvre, et dont on ne retenait guère que des principes abstraits, c'est-à-dire séparés de l'expérience privée qui les avait forgés et de la forme qui leur donnait force. Le renversement opéré par ce livre est de montrer comment des valeurs au contraire singulières se construisent pour gouverner, d'un même mouvement, et une existence et une ouvre que pour une part elles définissent en même temps que s'y découvre l'éthique de l'écrivain. Parler de morale dans l'écriture, c'est ainsi mettre au jour les flottements, aujourd'hui, du terme de moraliste, repenser dans une perspective strictement littéraire ce qui lie moralement un Sujet à son ouvre et au monde, et montrer du même coup comment son expérience existentielle informe pour une part ses livres dans un essentiel souci d'authenticité.