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Comment, pris à nouveau par la magie profonde et simple de "La mare au diable", on ne penserait pas d'abord à l'émotion que dut éprouver George Sand elle-même écrivant, à ces mots qui se déroulaient implacables et justes, si doux ou si tranquillement violents - son oeuvre ici culmine.
Qu'on n'y cherche pas un siècle enfui, ni les souvenirs exotiques du Berry rural. Sand sait ce qu'elle fait : écrire la friction d'un code social, basé sur la nécessité d'une économie rurale dure et pauvre, avec les lois éternelles de l'amour entre les êtres.
Le génie de Sand, ici, c'est bien sûr les personnages. Trois au centre, cinq ou six autour, un cheval.
Il se passe quoi: quasi rien. Des conversations où dire ce qui compte ne se peut pas.
Le génie de Sand, c'est de transformer cette simplicité même en récit épique : dans trois chapitres miraculeux, on va s'agarer au crépuscule, l'homme, la jeune femme, l'enfant. Un brouillard, un feu qu'on allume, la proximité et la détresse. Meaulnes en naîtra presque d'un simple décalque.
La loi rurale, au lendemain, reprendra ses droits. Mais eux trois seront armés. On la croisera alors, la "mare au diable"- mais quel enchantement, sinon quelques paroles maugréées par une vieille sourde?
Le génie de Sand, c'est que la légende devient la couleur de l'ensemble du livre, important sa menace et ses merveilles.
Une femme, un homme, un enfant, et le code qu'on violente.
Tout est beau, ici. Mais indispensable : à relire d'un trait. En oubliant tout ce qu'on a pu vous en dire, qui vous en a éloigné.
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