On nous serine tous les jours qu'ici la vie serait « plus belle ». A voir. Car à quoi bon beugler qu'on est « fier d'être marseillais » quand cette... > Lire la suite
On nous serine tous les jours qu'ici la vie serait « plus belle ». A voir. Car à quoi bon beugler qu'on est « fier d'être marseillais » quand cette ville-patchwork pullule de fantômes d'enflures ou de bordilles bien réelles ? Reste que Marseille ne laissera jamais indifférent, et que derrière les clichés éculés, la tendresse fait des miracles. Au ras du bitume ou des hauteurs de la colline de la Garde, au travers d'émouvants récits ou de pulsionnelles harangues, Gilles Ascaride scrute la Ville sous toutes ses coutures, mêlant la nostalgie à la diatribe. Récits de bas d'immeuble, contes aux fumets de cuisine échappés des fenêtres ouvertes, portraits au couteau, vérités bonnes à dire (ou pas), légendes et faits avérés, souvenirs de briques et de broques. Marseille, face à la vue de dos (formule de l'auteur qui aurait pu être le titre de ce livre...). Gilles Ascaride est né à Marseille contre sa volonté. Sa mère n'a rien voulu entendre. Il ne lui a jamais pardonné. Il n'aime pas le football, ne boit pas de pastis, ne pêche pas le gobi. Il a vainement essayé d'être célèbre en étant comédien, en écrivant des chansons et des lettres anonymes. Rien n'y a fait. Il a ainsi simulé une soutenance de thèse pour faire croire aux gogos qu'il était un éminent sociologue. Comme certains l'ont cru, il a pu ainsi vivre longtemps aux crochets de l'État. Assoiffé de notoriété, il s'emploie à écrire des romans que personne ne lit et des pièces que personne ne joue. Il n'est le frère de personne. Sacré « Roi de l'Overlittérature » par Sa Sainteté le Pape Henri-Frédéric Ier, il se moque de tout, sauf des dieux, dont il craint le regard.