Certains militants ouvriers ont, volontairement, refusé d'occuper des fonctions dirigeantes ; ils ont lutté contre les dogmatismes, les totalitarismes... > Lire la suite
Certains militants ouvriers ont, volontairement, refusé d'occuper des fonctions dirigeantes ; ils ont lutté contre les dogmatismes, les totalitarismes et le jeu facile des réformismes ; ils n'ont pas voulu suivre les masses dans ce qu'ils considéraient comme les plus graves des déviations (l'union sacrée devant la guerre, le stalinisme). Pour cela, ils ont été violemment rejetés, présentés comme des vaincus de l'histoire, accrochés à des conceptions périmées ; ils ont été oubliés. Pierre Monatte (1881-1960) est de ceux-là. Pourtant, sa trace est profonde, son ouvre féconde. Fondateur de deux revues d'action, de lutte, et aussi d'éducation (La Vie ouvrière en 1909, La Révolution prolétarienne en 1925), militant ardent et hardi, il consacra sa vie au syndicalisme révolutionnaire. Il a beaucoup écrit, mais ses articles sont accessibles aux seuls lecteurs des bibliothèques. Les rassembler, c'est d'abord permettre de découvrir un homme, un militant au sens plein du terme, un minoritaire qui sut être à contre-courant, sans aigreur comme sans orgueil, qui eut toujours foi dans la capacité révolutionnaire de la classe ouvrière, pensant que celle-ci devait retrouver intelligence et caractère, s'éduquer inlassablement dans l'action, remettre en cause les dogmes les mieux établis. À travers ces textes, le syndicalisme révolutionnaire se précise, son évolution pendant cinquante ans se dessine. Documents pour l'histoire, ce sont aussi des documents pour l'action, aide précieuse pour ceux qui veulent mener la lutte syndicale, avec les seules forces ouvrières, pour une révolution qui soit aussi libération.