« Un soir à New York, un jet d'acide en pleine face. Quand j'ai compris que c'était de l'acide, il y a eu une seconde où l'animal en moi a réagi... > Lire la suite
« Un soir à New York, un jet d'acide en pleine face. Quand j'ai compris que c'était de l'acide, il y a eu une seconde où l'animal en moi a réagi avec une telle violence, un tel cri, qu'à ce moment-là j'ai cru vraiment basculer dans la folie ». Hugues de Montalembert a trente-cinq ans quand la nuit fond ainsi sur lui. Il est peintre, il vit à Greenwich Village. Et un soir l'agression. Qui ? Pourquoi ? Il ne le saura jamais. Mais sa vie a basculé. « J'écoute les bruits des grands fonds, je guette l'apparition des monstres froids, aveugles. Je coule. L'obscurité est totale, liquide, palpable. Elle m'entre dans le nez, les oreilles, la bouche. Elle enveloppe mon corps, le pénètre ». L'hôpital. La souffrance. L'angoisse. Des interventions chirurgicales. Des chutes, des espoirs et des chutes. Et la nuit, toujours, qu'il faut bien finir par apprivoiser puisqu'on est là, vivant, avec toute sa force. La rééducation, une découverte nouvelle de l'espace, des choses et des êtres, du bout de la canne, du bout des doigts. « Et puis il y eut Valouchka, sour d'Ariane au labyrinthe. Elle n'avait pas besoin du fil de sa sour, car elle était porteuse de lumière. Elle était Lucifer et, par la seule force de cette lumière, elle creva le labyrinthe d'ombre et parvint jusqu'à moi ». Une femme. Et, très loin au fond de l'Indonésie, une île. L'Île. Le lieu où l'eau, la terre, le soleil se rejoignent et se fondent pour une réconciliation avec le monde - l'Île « où la nuit est vaincue par l'aura des volcans ». Ce que dit ici Hugues de Montalembert - ce chemin de nuit, cette reconquête du monde, cette quête ardente de l'invisible -, nul ne peut l'entendre, non seulement sans être bouleversé, mais sans s'interroger soi-même du plus profond de sa chair et de son esprit. Ce que dit ici Hugues de Montalembert remet tout en question.