La littérature ne fut jamais autant liée que durant les années de guerre, à l'ombre, au danger, à la mort. L'écriture, la vraie, celle qui échappa... > Lire la suite
La littérature ne fut jamais autant liée que durant les années de guerre, à l'ombre, au danger, à la mort. L'écriture, la vraie, celle qui échappa aux règles de l'occupant, charria alors des éclats de nuit, devint elle-même nuit, combat, résistances multiples au hululement taciturne des trains étroitement surveillés partant vers les camps. De ces ténèbres jaillirent les textes salvateurs d'Aragon, de Char, d'Éluard, de Desnos, l'aube transfigurée de la poésie moderne. Le roman par essence habitué à feindre s'accommoda davantage, semble-t-il, des avatars tragiques du temps. Sur cette impossibilité « d'écrire après Auschwitz » est née depuis, comme sur des ruines, une nouvelle patrie des écrivains, la langue.