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Si la concurrence entre le français et le créole date de la colonie française, les efforts de l'État haïtien pour répandre l'éducation dans les couches les plus défavorisées de la nation, les tentatives d'un groupe d'ethnologues pour relever le créole de son état d'infériorité sociale en face du français, l'usage qui en est fait par les diverses confessions religieuses pour la conversion des illettrés, l'expérience d'un enseignement donné dans le dialecte désormais orthographié, les récents essais d'adaptation de grandes ouvres littéraires (Antigone, Odipe roi) ont donné à cette concurrence une âpreté toute nouvelle. Le français reculera-t-il devant l'idiome local pour devenir de plus en plus la langue d'une élite restreinte, des salons, des délibérations et des cérémonies officielles ? Ou bien, au contraire, l'évolution sociale que l'on s'évertue à favoriser par l'emploi provisoire du créole aidera-t-elle à l'expansion d'un français dialectal chaque jour plus caractérisé ?