Je l'avoue: je n'avais jusqu'ici jamais lu Marcel Aymé, mes quelques tentatives de me plonger dans ses contes du chat perché ayant très vite tourné court, faute de susciter, dans mon chef, la plus petite trace d'intérêt. Les choses en seraient sans doute restées là si Marcel Aymé n'avait été choisi comme notre nouvel auteur du mois, et si je ne m'étais par conséquent mise en demeure de lire non plus ces fameux contes, mais sa célèbre jument verte...
Une jument à la robe d'un très joli vert émeraude qui, pour dire vrai, passe de vie à trépas dès les premières pages du roman qui lui emprunte son titre, non sans avoir auparavant assuré la fortune de son propriétaire, le vieil Haudouin, maquignon au village de Claquebue. Et non sans s'être fait aussi tirer le portrait, un tableau désormais accroché en bonne place dans la maison familiale, aux premières loges pour épier les secrets d'alcôve et les moeurs sexuelles - pour le moins hautes en couleurs - de ses habitants: des goûts et dégoûts où Marcel Aymé semble d'ailleurs vouloir trouver l'alpha et l'oméga de toute la vie, politique, sociale, économique, du petit village de Claquebue dans les dernières années du second empire et les premières de la troisième république.
Et voici donc que venue à bout de cette lecture - non sans mal, car je n'étais cette fois encore que trop portée à me laisser distraire par le premier chat qui passait par là, que ce chat ait pour nom Zweig, Williams, Delaive ou McInerney -, je me trouve bien embarrassée au moment de coucher mes impressions sur le papier... car d'impressions, justement, je n'en ai guère.
Même sans l'avoir jamais lu, il est bien difficile d'ignorer complètement l'oeuvre de Marcel Aymé: promu "classique" des lettres françaises, il a ses admirateurs enthousiastes et ses détracteurs acharnés.
Pour ma part, je dois bien confesser à ce stade mon incompréhension complète des uns comme des autres, n'ayant pas trouvé ici de quoi fouetter un chat, ni rien décidément qui vaille de s'exciter. Bien sûr, on ne peut pas dire objectivement que ce roman soit mauvais. Il est même bien meilleur que beaucoup d'autres, très joliment écrit assurément, et j'imagine sans peine que la sensualité piquante dont il est imprégné d'un bout à l'autre a pu paraître terriblement rafraîchissante à certains des lecteurs qui le découvrirent en 1933, année de sa première parution, tout comme il a dû alors en choquer d'autres.
Mais en ce début de l'an de grâce 2010, ces temps-là sont bel et bien révolus. Et les impertinences de Marcel Aymé, tant vantées par ses admirateurs, me semblent décidément bien émoussées. Elles ne suffisent pas en tout cas à racheter à mes yeux le manque flagrant d'humanité de ses personnages de paysans madrés et libidineux - à moins que ce ne soit l'inverse - ni la minceur d'une intrigue réduite au rôle de prétexte.
Non, vraiment, au vu de cette jument verte, je ne comprends ni les éloges des uns, ni les condamnations des autres, et Marcel Aymé ne mérite à mes yeux et pour citer je ne sais plus qui "ni cet excès d'honneur, ni cet indignité" auquel d'aucuns veulent le réduire. Et il ne me reste donc plus qu'à faire une autre tentative...
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