La jalousie n'est pas un monstre et, si elle avait les yeux verts, ce seraient ceux, magnifiques, d'Ava Gardner. Ce n'est pas une fantaisie ombrageuse... > Lire la suite
La jalousie n'est pas un monstre et, si elle avait les yeux verts, ce seraient ceux, magnifiques, d'Ava Gardner. Ce n'est pas une fantaisie ombrageuse et chagrine, une passion cruelle et petite, le symptôme d'une estime de soi défaillante. Et pourtant, c'est ainsi, par le blâme et le mépris, que tant de moralistes en ont parlé. Tous ceux et celles qui l'ont éprouvée savent très bien que la jalousie n'est pas infime et étriquée, délirante et ridicule. Mais il faudrait en penser tout le mal possible. Il faudrait la soigner, l'éradiquer, la répudier et, surtout, ne jamais l'admettre. La jalousie est une passion inavouable. Que faire alors ? Continuer à taire ce sentiment parce qu'il n'est pas « politiquement correct » ? Ou bien, à l'instar des héroïnes de la tragédie grecque, le revendiquer comme une attente de réciprocité ? Rendue à son histoire, la jalousie révèle la nature intense et inquiète de l'amour, qui est désir de désir. Il ne faut pas avoir honte d'aimer. Giulia Sissa est chercheuse au CNRS en histoire, en anthropologie et en philosophie du monde ancien. Elle enseigne à UCLA, en Californie. Elle a notamment publié Sexe et sensualité. La culture érotique des Anciens, qui a été un grand succès.