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Dans les cours écrasées de soleil des villages kabyles, les femmes se tiennent de stupéfiants propos : les références magiques se mêlent aux rancours multiples tissant des silhouettes féminines inquiétantes. Pour atteindre l'idéal féminin, chaque femme, qui doit en franchir les étapes constitutives depuis le mariage, la pérennité de son couple et la prise en main du destin de ses enfants, convoque la magie, science incontestée des femmes. Aussi les pouvoirs de la magicienne renvoient-ils aux valeurs secrètes de jeunes filles en quête de prétendant, d'épouses cherchant à dominer leur mari et de rivales luttant avec opiniâtreté. Les obstacles magiques, placés sur le parcours de chacune par d'autres femmes, s ourdissent au sein des réseaux de relations familiales ou villageoises exacerbant la compétition féminine, et conduisant notamment à l'explosion de conflits mettant en scène la belle-mère et sa belle-fille ou les brus entre elles. L'amour n'est que prétexte à des stratégies destructrices, un vocable de convention où l'homme n'existe que comme victime. Sur ce champ de bataille où ensorcellements et désensorcellements constituent les armes secrètes, se jouent les pouvoirs de la magicienne, similaires à ceux que nous a transmis Apulée dans ses « Métamorphoses » : revenir au chaos, manipuler les forces de la création et le destin de chacun des êtres humains.