« Tout Hussard qui n'est pas mort à trente ans, est un Jean Foutre », disait le général de Lassalle, l'un des meilleurs entraîneurs d'hommes de la cavalerie légère de Napoléon. Il tomba à Wagram à trente-quatre ans. Marin la Meslée avait cet âge, lorsqu'il fut abattu par la Flak en 1945, mais l'âge moyen de tous les pilotes de chasse qui furent tués en combat de 1939 à 1945, se situait autour de vingt-six ans.
Aucune histoire complète n'a été écrite jusqu'à ce jour, sur « l'Histoire de l'aviation de chasse française » au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
Jean Gisclon a voulu combler cette lacune. Reprenant un de ces anciens ouvrages, « Ils ouvrirent le Bal » consacré à la Bataille de France, l'auteur, qui fit une grande partie de la guerre au groupe 2 mai « La Fayette », fait ici, grâce aux nombreux témoignages de camarades, aux renseignements et anecdotes puisés dans les journaux de marche des groupes et escadrilles, le récit des combats, évasions, et multiples péripéties, qui furent le lot quotidien des combattants de l'air.
Marin la Meslée, Mouchotte, Fayolle, Labouchère, Morel, Le Nigen, Maridor, Schloesing, Choron, Le Gloan, Littolff, Tulasne, Tricaud, Durand, Lefèvre, de Seynes, Houzé, Demozay, quelques noms parmi les quelques centaines d'hommes qui donnèrent leur vie pendant ces années dramatiques.
D'abord la campagne de France, longtemps très officiellement oubliée, et qui coûta à la Chasse, parmi les 550 tués de toute cette guerre, en six semaines, plus du tiers de ce chiffre ; sur les 1 600 victoires remportées par des chasseurs français, les 2/3 l'ont été de septembre 1939 à juin 1940. Ensuite, sur tous les fronts, Libye, Syrie, Tunisie, Russie, Grande-Bretagne, Afrique du Nord, Italie, France à nouveau et Allemagne, les pilotes de chasse ont livré très souvent, jusqu'en 1944, des luttes inégales.
Pilotes confrontés parfois à des dilemmes tragiques et douloureux, émaillant les épisodes de cette longue aventure : l'Armistice de 1940, Mers el-Kébir, la Syrie, le débarquement allié en Afrique du Nord ; tournants dramatiques où la discipline ne leur laissait pas la liberté de choisir.
Ils triomphèrent de toutes ces vicissitudes, grâce à leur courage, leur volonté de vaincre, leur esprit de camaraderie et, surtout, ce solide optimisme qui caractérisait tous ces « chevaliers modernes de la cavalerie légère de l'air ».